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PHYLLIS

scandale… Mais, je vous le répète, depuis le départ de sa femme, il paraît désolé, et la belle Américaine de l’hôtel de la Branche de gui se morfond à l’attendre.

— Nous ne savons pas tout, docteur ! Mais vraiment, ne voulez-vous pas nous rendre le réel service de prévenir Monsieur… Carrington d’avoir à cesser ses importunes visites ? Je suis bien décidée à ne lui laisser voir ma fille sous aucun prétexte ! Rien que par l’état dans lequel la met la seule pensée de son mari, jugez de ce qu’elle ressentirait si elle le voyait. Ce serait sa mort.

— Mon Dieu, pour vous obliger et aussi par affection pour cette enfant que j’ai connue pas plus haute que ça, je pourrais peut-être en toucher un mot… Cependant, il me semble que M. Vernon serait mieux qualifié…

Mère prit un ton effrayé :

— Mon mari ? Oh ! non ! C’est à peine si j’ose lui parler de ces choses. Vous savez, docteur, que ma petite Phyllis n’a jamais été sa préférée. Dora flattait davantage son amour-propre paternel ; il a blâmé vivement la fuite de la pauvre enfant, disant qu’elle était partie sur un coup de tête que, du reste, cela ne l’étonne pas, qu’il n’a jamais rien présagé de bon du caractère de cette enfant, et que, si elle gâchait sa vie et perdait son mari, ce serait sa faute. Elle aurait dû rester à Strangemore pour y subir tous les affronts ! Ma pauvre mignonne, je suis heureuse de l’avoir ici, malgré tout. Mais vous jugez, docteur, combien M. Vernon est loin de vouloir dire quoi que ce soit de désagréable à son gendre.

— Eh bien ! chère madame, je tâcherai de rencontrer M. Carrington et de lui faire comprendre… ce que vous désirez.

« Bon ! bon ! fit-il en commençant à descendre l’escalier, ne me remerciez pas, c’est une commission désagréable, mais je la ferai pour vous… et pour elle.

Quand mère rentra dans ma chambre, je tenais mes yeux fermés. Demain je lui dirais ce que j’ai entendu. Pour l’instant je n’étais pas en état de parler. Trop d’idées tournaient dans ma tête et me causaient un malaise intolérable. Je passai une nuit agitée.


X


La jeunesse possède des ressources infinies. Une huitaine environ après les derniers incidents que j’ai transcrits sur mon album, je commençai à me