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PHYLLIS

— Madame, dit-elle à mi-voix, il est encore en bas.

Cette fois, il insiste pour monter, il dit que c’est son droit et…

Je vis le geste d’avertissement de mère, puis je surpris le regard de Ketty, rouge de confusion.

Elle referma vivement la porte, alors, m’asseyant sur mon lit, les mains croisées sur ma couverture, je demandai d’un ton curieux :

— Maman, qui est là, en bas, et demande toujours de mes nouvelles ?

Mère n’a jamais été habile à dissimuler ; elle rougit, pâlit, toussa et vint vers moi, en balbutiant :

— Ma petite Phyllis, ne fais pas de questions. Tu es encore trop souffrante… Bientôt…

— Mais si ! lis-je en tapant sur la couverture avec un geste de colère, je veux faire des questions, je ne suis pas une enfant, je veux savoir pourquoi on renvoie mes visites sans me le dire ! Oh ! pardon, mère, je suis méchante, je vous fais pleurer, m’écriai-je à la fin en voyant des larmes dans ses yeux.

— Je suis contente que tu sois méchante, me dit-elle, tu fais un caprice comme quand tu étais petite, cela prouve que tu vas mieux.

— Qui était là ? réellement, maman. Pourquoi me le cachez-vous ? Ce n’est pas papa, il entrerait.

Mère fit signe que non. — …Ni Roly, ni Billy… alors…

Mère me força à me recoucher, elle m’embrassa et je sentis que ses larmes coulaient.

— Ah ! je sais ! m’écriai-je, tout à coup. C’est Mark… Mark !

Je m’étais assise de nouveau sur mon lit et j’avais un tel air que maman me regardait sans oser dire un mot.

Tout à coup, je m’écriai en portant mes mains à ma tête :

— Ah ! Je me souviens ! Je sais tout, maintenant.

Je revois cette femme… elle a dit… Et lui, lui… Ce n’est pas vrai, maman. Oh ! maman, dites que ce n’est pas vrai ?

— Ma pauvre petite, fit mère désespérée.

Elle me prit dans ses bras, me berçant doucement et nous pleurâmes ainsi longtemps, longtemps.

Aucun bruit ne troublait le silence de la maison, sauf celui des sabots d’un cheval qui s’éloignait à pas lents.

Je prêtai l’oreille une minute, puis, repoussant mère des deux bras, je m’écriai, prise d’une dangereuse surexcitation : — C’était lui ! lui ! il a l’audace de venir ici. Et vous…