Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
PHYLLIS

s’étaient arrêtés… « on » écoutait, « on » hésitait… puis il me sembla qu’ « on » approchait.

Je toussai très fort et frappai sur ta porte, armée d’une brosse.

— Mark ! Mark, ouvrez-moi.

— Que désirez-vous ? demanda mon mari d’une voix si sèche que je me sentis le cœur défaillir.

Mais je répondis avec autant de douceur qu’il est permis de le faire quand on force sa voix jusqu’à son diapason le plus aigu :

— Laissez-moi entrer, je vous prie ?

— Impossible maintenant. Je suis occupé.

— Il le faut absolument. Mark, ouvrez, j’ai une chose de la plus haute importance à vous dire.

Je l’entendis tourner lentement la clef comme à regret ; la porte entr’ouverte, il resta sur te seuil dans une attitude qui me montrait clairement son opposition à me laisser pénétrer chez lui.

— Voulez-vous me laisser entrer, lui dis-je doucement. Il faut que je vous parle.

— Vous pouvez me parler ici.

— Non ! fis-je d’un ton décidé.

Et d’un mouvement preste je glissai sous le bras qu’il avait appuyé contre le chambranle en guise de prudente barricade… et me trouvai dans la place.

Ayant ainsi manœuvré avec succès, je m’arrêtai pour le regarder timidement.

Il avait enlevé son habit et son gilet et venait de se brosseries cheveux, car ils étaient lisses et brillants.

— Vous pourriez aller dans le monde tout de suite, lut dis-je. Que vous êtes donc bien coiffé ! Est-ce que vous avez l’intention de sortir ?

J’essayais de plaisanter pour dissimuler mon émotion.

— Est-ce pour me dire cela que vous êtes presque venue enfoncer ma porte ? me dit-il sans une ombre de sourire.

Je baissai tes yeux, très effrayée.

Toute ma gaité affectée m’abandonnait.

Jamais, auparavant, sa voix n’avait été aussi dure en s’adressant à moi.

Je mis mes mains derrière mon dos et fourrageai nerveusement dans le torrent de mes cheveux dénoués.

Je restais sans bouger devant lui, comme une petite fille prise en faute.

Combien je devais avoir l’air jeune, avec ce kimono de poupée, ces mignonnes babouches qui me faisaient toute petite, et mes boucles ébouriffées comme celles d’un enfant.

— Non, fis-je dans un chuchotement. Je suis venue