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PHYLLIS

et il pourra assister à la soirée de patinage. Oh ! Harriett, je vous en supplie, ajoutai-je de ma voix la plus câline, dites oui, vous savez bien qu’au fond, Mark ne demande qu’une chose : c’est que je sois contente… et ce doit être si joli de voir cette salle aux lumières !

— Allons ! fit ma belle-sœur avec un soupir, faites ce que vous voulez, Phyllis, vous le prenez sur vous. On va envoyer un exprès.

— Oh ! merci… J’embrassai ma belle-sœur de tout mon cœur.

— Oui, oui, dit-elle, me rendant ma caresse, mais si vous avez envie de retourner à ce skating, pour moi je vous déclare que j’en suis fatiguée et que je ne vous y suivrai pas !

— Je n’irai pas non plus, dit sèchement lady Blanche. Je prends une auto et me fais reconduire de suite.

Ce disant elle se leva et se disposa à sortir.

— Bon débarras ! me glissa Lilian dans l’oreille.

— Si tout le monde vous abandonne, mistress Carrington, je ne vous abandonnerai pas. Vous me permettrez, ce soir, de vous servir d’escorte ? me proposa galamment sir Francis.

Et j’acceptai avec le plus aimable sourire.

Je ne sais comment se passa le dîner ni ce que j’y pus dire. Je n’étais pas à la conversation, l’esprit absorbé par mon idée fixe ; quelque peu effrayée aussi de mon audacieux projet.

J’allais revoir cette femme tout à l’heure… Je lui parlerais la première.

Et je tâchai d’imaginer ce que j’allais lui dire.

Après le dîner, comme pour contrecarrer mon caprice. Dora se plaignit de grande fatigue. Cette poussière et ce bruit étaient insupportables, elle préférait rester au coin du feu, et, bien entendu, sir George y restait avec elle.

Lilian, qui souffrait, depuis son violent exercice, d’un fort mal de tête, se laissa facilement persuader de passer la soirée en leur compagnie. Naturellement, aussitôt après, lord Chandos et Chip déclarèrent d’un commun accord qu’ils avaient assez du skating et n’y reviendraient à aucun prix.

Quant à moi, ayant décidé d’y aller, je n’avais pas la moindre envie de me dédire.

Ma colère contre mon mari, ma violente curiosité concernant l’étrangère, m’aidaient à m’affermir dans ma résolution.

— Couvrez-vous bien en sortant, Phyllis, me dit ma belle-sœur, et soyez ici dans une demi-heure. Les autos seront à la porte à dix heures.