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PHYLLIS

fatiguée et annonçai que j’allais regagner l’hôtel pour me faire servir une tasse de thé.

— Mais nous allons tous y aller avec vous, ma chérie, s’écria ma belle-sœur. Mon Dieu ! Pourvu que vous n’ayez pas pris froid. Vous êtes glacée… Je vous avais dit d’être prudente… Quels reproches Mark va me faire si vous êtes malade !…

Lorsque je fus assise devant une tasse de liquide brûlant, qui me fut servie par les mains amicales de lady Harriett, et que je me vis entourée de visages familiers, écoutant des voix amies, je me remis de la sotte impression qui m’avait fait partir du skating. Reprenant possession de mes moyens, je me mêlai à la conversation, toute joyeuse et montrant, pour rassurer ma belle-sœur, un effrayant appétit.

Au milieu du bruit des voix qui se croisaient, sir Francis parut. Il réclama une place auprès de la table.

On se serra un peu.

Avant de s’asseoir il vint à moi et me dit à mi-voix :

— Combien j’ai d’excuses à vous faire, chère madame… Mais vous avez vu comme il m’a été impossible de repousser la personne qui s’est littéralement emparée de moi. Si je l’avais fait j’aurais été d’une grossièreté.

— Et vous avez préféré, dis-je, essayant de plaisanter bien que ma gorge fût serrée à me faire mal, vous avez préféré être impoli envers moi ? Ah ! les hommes sont tous les mêmes : inconstants et vaniteux…

— Madame… Phyllis, fit-il plus bas, comment pouvez-vous supposer…

— Ne parlons pas de suppositions, dites-moi des faits ! Asseyez-vous là et en buvant votre thé donnez-moi des détails.

— Oui, oui, des détails ? réclamèrent Lilian, Chip et lord Chandos lui-même. Qui est-ce ? D’où vient-elle ?

Une figure nouvelle est un événement dans notre petit cercle et celle-ci était assez remarquable pour faire parler d’elle.

— Très volontiers. Je vais satisfaire votre curiosité, répondit lord Garlyle, très fier évidemment d’être le seul à connaître la belle étrangère. Il me sera plus facile de répondre à votre seconde question qu’à la première, car si je sais d’où elle vient, j’ignore totalement qui elle est. Ma… conquête — il s’inclina en souriant — si ces dames me permettent ce mot, est d’une totale discrétion quant à son identité.