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à l’un de ses personnages : « Nous sommes gens pratiques, gens d’affaires, c’est entendu ; mais qui ne voit que ces dehors ne nous connait pas bien. Ces qualités du terroir se combinent en nous avec une propension à l’enthousiasme… La plupart de ces commerçants-nés que l’on trouve à Lyon sont de pensée active et chaude sous les dehors que vous savez ; quelques-uns d’entre eux vont même jusqu’aux utopies… »

Et l’auteur ajoute « Pareille tendance se retrouve, mais amplifiée, dans les classes populaires, ce qui prouve surabondamment que cette alliance de l’idéalité et du réalisme journalier est bien le trait de la race… »

Le romancier ici a vu juste, très juste. Il paraît indiquer, du reste, que la lecture des Lettres et fragments d’un jeune Lyonnais, Joseph Pagnon, qui furent publiés en 1869 par un de ses amis, lui a ouvert quelques-uns de ces côtés intéricurs du caractère lyonnais, que la seule fréquentation des personnes pouvait difficilement faire deviner.

Tels sont, à ma connaissance, les principales compositions littéraires dont les auteurs ont placé les scènes à Lyon. C’est peu par le nombre. Mais si les fictions sont rares, combien abondantes seraient les réalités que l’on ne peut transporter ici. Que de romans, tristes le plus souvent, qui n’ont jamais été écrits ! Notre ville, dans son enveloppe de brouillards gris et glacés, a renfermé et renferme encore, si l’on ne me l’a pas changée, bien des cœurs ardents, passionnés, quoique l’on sache ici dissimuler, mieux qu’ailleurs, ce qui est au fond de soi. Le Lyonnais se livre peu. Mais lorsque, jeune, l’on a eu