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La poterie de terre, dite sigillée ou samienne, était réservée chez les Romains aux usages de la table[1], et même aux usages tout à fait familiers[2], ce qui se comprend chez un peuple arrivé, à la fin de la république et au commencement de l’empire, à un tel état de luxe, que les vases d’or, d’argent, de bronze et de cristal servaient aux usages les plus communs[3].

Se fondant à tort sur un vers de Plaute qu’il ne faut pas isoler du vers suivant[4], une quantité d’antiquaires depuis Smetius jusqu’à M. de Caumont, se répétant les uns après les autres, affirment que la poterie samienne servait habituellement aux sacrifices[5] ; on ne peut prendre un meilleur exemple du danger d’emprunter, sans les vérifier, des assertions à ses devanciers ; il s’agit dans Plaute d’un avare qui, de peur de voir son génie lui dérober ses vases, se servait de poteries samiennes ; or, au lieu de faire considérer celles-ci comme ayant assez de prix pour être consacrées aux dieux, cela tendrait, au contraire, à indiquer qu’elles étaient presque sans valeur.

Cependant il est certain que les vases de terre étaient considérés comme plus purs que les vases de métaux précieux[6] ; à ce titre il n’y a pas lieu de nier absolument,

  1. « At tibi læta trahunt samiæ convivia testæ. » Tibull. II, 3. 49.

    « Samia in esculentis laudantur (Plin., XXXV, 46) ». V. aussi Mess. des scienc. hist., 1848, p. 391.

  2. Dans ce trait rapporté par Cicéron (pro Murena, 36) et par Sénèque (épist. 95), du banquet devant le temple de Jupiter, offert par Tubéron au peuple romain, en l’honneur de Scipion défunt, banquet loué pour sa simplicité, on ne servit que des vases samiens, comme s’il se fût agi de célébrer la mort de Diogène : « Homo stoïcus exposuit vasa samia, quasi vero esset Diogenes cynicus mortuus, et non divini hominis Africani mors honestaretur (Cic., l. cit.).
  3. Plin., XXXIII, 14 et 18, XXXIV, 19 et passim.
  4. Ad rem divinam quibus est opus samiis vasis utitur,
    Ne ipse genius subripiat.
    Capt., act. II, v. 288.
  5. Smetius, Antiq. neomag., p. 157 ; de Caumont, Cours d’antiq. monum., I, p. 187 ; Archæologia, XXIV, p. 19 ; v. aussi Hagemans, p. 412.
  6. Bulletin des Commissions (belges) royales d’Art et d’Archéologie, II, p. 156, note 3, et Cic., Parad., 1 ; Senec., de benef., VI, et Epist. 31.