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de ces vases[1], il est fort douteux que l’on allât en chercher la pâte en Orient, d’abord, parce que dans l’île de Samos notamment, il n’existe pas de terre donnant à elle seule, par la cuite, la belle couleur rouge obtenue par les anciens[2] ; ensuite, parce qu’à Samos même, on se servait, d’après Brongniart[3], de la première argile venue, pourvu qu’elle fût incolore et d’un grain assez fin ; elle recevait sa couleur par l’introduction dans la pâte de certaines proportions d’ocre rouge.

S’il est ainsi, l’assemblage des mots « terre sigillée » que l’on ne rencontre ni dans les auteurs anciens, ni dans les dictionnaires de Calepinus, Forcellini, Pitiscus et Rich[4], serait encore plus impropre que la dénomination de terre samienne ; car, pour justifier l’expression, il faudrait avec Schayes[5] supposer, outre le fait de l’importation, l’existence d’empreintes (sigilla) dont le bloc de cette terre, comme les blocs de certaines de nos terres plastiques, aurait été marqué au pays d’origine ; or, aucun passage d’auteur ancien, que l’on sache, ne confirme cette seconde hypothèse.

Il resterait donc, non pas l’expression de vases de terre sigillée, mais celle de vases sigillés, qui seule se trouve

  1. M. Janssen, conservateur du musée de Leyde, est l’auteur de cette explication ; v. Schayes, II, p. 284. Il semble cependant impossible de ne pas restreindre le commerce de ces cretarii aux différentes espèces de craie (creta) dont parle Pline, XXXV, 57 et 58 ; nulle part, que l’on sache, le nom de creta n’est employé comme synonyme de terra, qui est le mot propre.
  2. Edm. Tudot, p. 50.
  3. I, p. 423.
  4. Il est même à remarquer avec quel scrupule MM. Roulez et de Longpérier, ayant à décrire un vase de cette terre, évitent de la qualifier de samienne ou de sigillée, en se servant uniquement de l’appellation, péchant malheureusement par le vaque, de rouge, rouge fine (Bulletin de l’académie royale de Belgique, XIX, 2° p. 392).
  5. Catalogue du Musée royal d’antiquités, p. 87. Schayes n’a pas le scrupule dont il est parlé à la note précédente ; car à propos du même vase, il se sert de l’expression de sigillée, v. Bull. acad. roy. de Belg., XX, 1° p. 122.