Page:Ptolémée - Almagest, traduction Halma, 1813, tome1.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxiv
PRÉFACE.

dans un catalogue, afin que la postérité pût voir s’il seroit arrivé quelques changemens dans le ciel. Ptolémée rapporte que Timocharis et Aristylle laissèrent plusieurs observations faites 180 ans auparavant. Le catalogue d’Hipparque contient 1022 étoiles avec leurs longitudes et leurs latitudes. Ptolémée les a publiées avec quatre autres qu’il y ajouta. Ces astronomes faisoient leurs observations avec une sphère armillaire en plaçant l’armille qui représentoit l’écliptique, dans la direction de l’écliptique céleste, par le moyen du soleil où ils visoient dans le jour, et ils déterminoient le lieu de la lune relativement au soleil, par un cercle mobile de latitude. La nuit suivante à l’aide de la lune dont ils corrigeoient le lieu trouvé auparavant en tenant compte de son mouvement dans l’intervalle, ils plaçoient l’armille dans une situation convenable pour le moment, et ils comparoient de la même manière qu’ils avoient fait pour la lune relativement au soleil, les lieux des étoiles relativement à celui de la lune. Ils trouvoient ainsi leurs longitudes et leurs latitudes avec autant d’exactitude qu’ils le pouvoient en se servant d’un pareil instrument qui n’en permettoit pas une grande. Ptolémée a fait son catalogue pour l’an 137 après J.-C. ; mais supposant avec Hipparque qui a découvert la précession des équinoxes, que cette précession est de 1d en 100 ans au lieu de 72, il n’a ajouté aux nombres marqués par Hipparque, que 2d 40′ pour les 265 ans d’intervalle entre Hipparque et lui, au lieu d’y ajouter 3d 42′ 22″, suivant les tables de Maskelyne. Ainsi pour comparer ses tables avec la nôtre, il faut d’abord les augmenter de 1d 2′ 22″, et ensuite de ce qu’il faut encore y ajouter pour la précession depuis Ptolémée jusqu’à nous ».

Ptolémée dit en effet que du temps d’Hipparque les étoiles étoient de 2d plus occidentales qu’elles ne furent 265 ans après, ce qui montre qu’il les a calculées lui-même pour son temps. Lalande soutient que les longitudes données aux étoiles par Ptolémée, sont affectées de son erreur sur les lieux du soleil auquel il les comparoît, et sont de 58′ trop petites ; mais que son catalogue est bon pour l’an 63 de J.-C. ; ce qui ne s’accorde pas avec la déclaration que fait Ptolémée d’avoir calculé les longitudes des étoiles pour la première année du règne d’Antonin. L’astronome Bode de Berlin[1] se range du côté de Flamsteed et de Lalande, et dit que toutes les étoiles, en les calculant par rétrogradation jusqu’à cette époque se trouvent avoir une trop grande longitude, et qu’il faut par conséquent faire remonter plus haut l’époque de ce catalogue. Il ajoute que dans ses tables astronomiques publiées à Berlin en 1776, il a tenu le milieu entre les longitudes et les latitudes assignées aux étoiles par Flamsteed, Hevelius, Lacaille et Bradley pour le commencement de l’an 1800 ; qu’il en a retranché 63 ans, et qu’ainsi pour les 1737 ans d’intervalle, le changement de lieux des étoiles par la précession des points équinoxiaux a dû être de 24d 61′ ou 16′, qu’il a soustraits des longitudes de son catalogue pour trouver les véritables de celui de Ptolémée, et qu’il y a cette différence entre celles de cet astronome et les siennes.

M. Ideler, dans un ouvrage[2] dont je parlerai bientôt, pense à cet égard comme M. Bode

  1. Beobacht, und Beschreib. der Gestirne.
  2. Unters. über… die Sternnamen.