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PRÉFACE.

compliquer de plus en plus ; et cela seul doit nous convaincre qu’il n’est pas celui de la nature. Mais en le considérant comme un moyen d’assujétir au calcul, les mouvemens célestes, cette première tentative de l’esprit humain, sur un objet aussi compliqué, fait honneur à la sagacité de son auteur ».

Sans doute, tout cet échafaudage de cercles supposés décrits les uns dans les autres, en faisoit une machine trop compliquée, pour qu’elle pût convenir au vrai systême du monde. Mais avouons aussi que la manière d’expliquer la marche des corps célestes ne comporte guère plus de facilité, même en substituant d’autres suppositions à celles de Ptolémée, puisqu’aujourd’hui encore nous ne pouvons en rendre aucune raison satisfaisante, que par l’attraction qui n’est elle-même qu’une hypothèse, et qui n’exprime qu’un fait et non pas une cause[1] qui nous reste par conséquent inconnue. Il ne regardoit pas, lui-même, les siennes comme réelles, mais seulement comme des moyens d’expliquer l’ordre céleste qu’il avoit paru impossible à Hipparque d’expliquer autrement que par cette complication de cercles. Nous pensons, dit-il dans son liv. III, qu’il convient de démontrer les phénomènes par les hypothèses les plus simples, pourvu que ce qu’elles supposent ne paroisse contredit en rien d’important par les observations. Schubert[2] a déjà fait la même remarque. Elle se trouve confirmée par la manière dont Ptolémée énonce ces hypothèses et les déductions qu’il en tire. Il se sert presque toujours du futur ἔσται sera, ou du conditionnel au lieu du temps présent, comme dans le ch. 4 du liv. IV, où il dit que les similitudes non seulement des rapports, mais encore des temps de l’un et de l’autre mouvement seroient ainsi sauvées, διασώζοιντο ἄν. Le choix arbitraire qu’il propose dans son liv. III de l’excentrique ou de l’épicycle pour expliquer le mouvement du soleil, montre bien qu’il ne regardoit pas l’un comme plus réel que l’autre. Il a choisi dans les moyens que la géométrie lui fournissoit, ceux qu’il jugeoit les plus propres à représenter les effets dont il vouloit rendre compte. « La géométrie n’est qu’un instrument dans les mains de l’astronome », dit Bailly, cet instrument ne crée rien, mais en se prêtant à l’usage qu’on en fait sur de bonnes observations, il donne des résultats justes.

La lune est le sujet du quatrième livre, et le premier astre pour lequel Ptolémée emploie cette combinaison des deux cercles, mais par degrés et à mesure que les inégalités du mouvement de cet astre l’y contraignent. Il commence par dire que ses éclipses doivent être préférées pour les observations, parcequ’elles donnent son lieu sans aucune erreur de la part des parallaxes, la lune éclipsée occupant toujours le point du ciel diamétralement opposé au soleil. La première chose à déterminer, c’est le temps de la révolution lunaire : Hipparque corrigeant les anciens, trouve le nombre 126 007 jours et une heure, pour le temps de la lune emploié à revenir à un même point avec la même inégalité ou anomalie de mouvement : ce qui lui donne 29° 32′ environ pour la révolution lunaire. Ptolémée entre là-dessus dans une grande discussion pour faire voir que cette période est sujette à plusieurs conditions qui la rendent difficile à fixer. Il présente une autre méthode qui consiste à chercher par les deux

  1. Traité élém. de physique, tom. i.
  2. Theoretische Astronomie.