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PRÉFACE.

contradiction aussi évidente ; et ces orbes, qu’il appelle des sphères, ne sont que des orbites idéales, des cercles fictifs tels qu’ils seroient décrits par les corps célestes, si dans leur course ils laissoient une trace après eux.

Ce qui a pu donner lieu aux astronomes du moyen âge de regarder comme des sphères matérielles les orbites que Ptolémée fait décrire par les corps célestes, c’est que cet auteur les appelant toujours σφαίραι, que les traducteurs hébreux, arabes et latins, ont rendu littéralement par le mot sphère, on attribue à Ptolémée l’idée grossière de faire tourner dans le ciel des cercles les uns dans les autres. Mais de même que Ptolémée exprime le mot arc par celui de περιφέρεια, périphérie, qui signifie parmi nous tout le contour d’une figure fermée, il exprime par le mot sphère, un simple cercle, comme nous nommons vulgairement cercle la simple circonférence du cercle, quoiqu’un cercle soit proprement l’espace contenu dans la circonférence. Ptolémée pour exprimer par des images sensibles les mouvemens des corps célestes, a été obligé de revêtir ses idées, d’expressions empruntées d’une mécanique ingénieuse qui, encore aujourd’hui, pour représenter les mouvemens opérés dans le ciel, ne peut faire autre chose que de combiner des cercles, d’y attacher les figures des astres, et de les faire tourner par des poids et des ressorts.

En divisant le cercle en 360 parties égales au degrés, et le diamètre du cercle en 120 autres parties, il trouve par le moyen des cordes exprimées en un certain nombre de ces parties du diamètre, les valeurs des arcs en degrés de la circonférence. Les côtés du décagone, de l’hexagone, du pentagone, du carré et du triangle équilatéral, lui servent à déterminer les cordes des restes de la demi-circonférence, de la somme et de la différence de deux arcs donnés, celles du double et de la moitié d’un arc, et de là il tire les cordes de tous les arcs de demi en demi degrés. La table qu’il en a dressée les contient à côté de leurs arcs respectifs jusqu’à 180 degrés, avec les trentièmes de leurs différences pour les intermédiaires. Ainsi la corde de 10 degrés étant marquée 10° 27′ 32″ équivaut à 0,174314 parties du rayon, qui sont la valeur du double du sinus de 5 degrés.

Le premier usage qu’il fait ensuite de cette table, est de l’appliquer à l’évaluation de la plus grande déclinaison du soleil, dont la connoissance est le fondement de toute la science astronomique : Ptolémée l’a observée à l’aide de deux instrumens. L’une étoit le météoroscope, armille[1] dont le plan étoit posé dans celui du méridien, et dans le bord concave de laquelle glissoit à frottement dur un autre cercle portant des pinnules par lesquelles il visoit au soleil, dans les solstices d’été et d’hiver, et il marquoit leur intervalle en degrés sur la circonférence de l’armille. L’autre instrument est un quadrant astronomique qu’il appelle plinthe, ou parallélépipède rectangle. Il prenoit sur l’un et l’autre le milieu des points solstitiaux pour le point de l’équateur, et il trouvoit que l’obliquité de l’écliptique étoit de 23d 51′ 20″. Elle étoit donc diminuée de ce qu’elle avoit été dans les premiers temps de l’astronomie grecque ; à en juger par la fin d’un passage de l’Histoire de l’Astronomie, d’Anatolius, que Fabricius

  1. Egnatio Danti, p. 317, dell’uso… dell’ astrolabio… et Riccioli, Alm. nov. p. 133.