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PRÉFACE.

jour à 7 heures 43′ du soir, en fut le commencement, le premier jour de la période étant compté du coucher du soleil, arrivé la veille. La longueur de l’année fut ainsi déterminée par ce cycle que les Grecs nommèrent nombre d’or en l’adoptant, parcequ’il fut inscrit en lettres d’or, et ce nom lui est demeuré. Mais cette période de 19 années anticipant de sept heures et demie sur la lune, Calippe, cent ans après Méton, la quadrupla et en fit une de 76 ans dont il retrancha un jour. Ainsi sa période fut composée de trois cycles de Méton de 6 940 jours chacun, et d’un de 6 939 jours. Enfin Hipparque ayant découvert dans la période de Calippe l’anticipation d’un quart de jour, la quadrupla et retrancha sur 304 ans le jour excédent. Toutefois, cette dernière correction, quoique juste, ne fut pas admise, pas même par les astronomes qui en sentoient pourtant bien la nécessité ; et l’on s’en tint à la période simple de Calippe qui avoit commencé l’an 331 (ou 330)[1] av. J.-C., dans la 7e année de la 6e période de Méton ».

Après toutes ces tentatives, les Grecs ne commencèrent à dresser des tables de mouvemens moyens d’après la comparaison de leurs observations avec celles des Chaldéens, que depuis le règne d’Alexandre le Grand ; et ce fut Alexandrie qui eut la gloire de cette révolution dans la science. Car l’astronomie ne régnoit plus à Babylone. Les astrologues l’en avoient bannie. Leurs prétendues prédictions sur le sort qui attendoit le conquérant à son retour dans cette ville, prouvent combien elle y avoit dégénéré. Mais Ptolémée Lagus en fixant son séjour dans la nouvelle ville d’Alexandre, exécuta le projet qu’avoit eu son fondateur, d’en faire le centre des relations de l’orient et de l’occident. Il y fonda des écoles où l’astronomie fut cultivée, à l’exemple des Rhodiens, qui retiroient de l’étude de cette science, tant d’avantages pour le succès de leur commerce, depuis la ruine de Tyr.

Euclide posa dans Alexandrie les premiers fondemens de l’astronomie par ses élémens, soit qu’il les ait recueillis d’Eudoxe et de Théétète, ou qu’il les ait composés lui-même, et il travailla spécialement pour elle dans ses phénomènes. Aristylle et Timocharis, dont Ptolémée nous a conservé des observations, substituèrent les faits aux raisonnemens. Aristarque de Samos, 280 ans avant J.-C., y donna son Traité des Grandeurs et des Distances du soleil et de la lune, où l’on admire les premières applications de la géométrie à l’astronomie. Autolycus, qui soumit au calcul les levers et les couchers des astres, écrivit sur la sphère mobile ; et Denys établit son ère et son année solaire astronomique aux mois de laquelle il donna les noms des douze signes du zodiaque. Après eux, Aratus mit en vers pour le roi Antigonus 264 ans avant J.-C., les constellations qu’Eudoxe avoit disposées pour son temps d’après la sphère des étoiles commencée long-temps avant lui. Il fait passer le colure des équinoxes par la première étoile du bélier, et comme cette étoile est actuellement avancée de plus de trente degrés vers l’orient, elle donne plus de 2160 ans, ou environ l’an 400 avant J.-C., pour l’époque du temps où fut imaginée cette sphère faite originairement pour une latitude de 38 degrés nord : latitude que l’on trouve en la dressant de manière que la tête du dragon dans la partie boréale du méridien, touche l’horizon, comme Cléomède le dit expressément après Aratus[2].

  1. Petav. Doctr. temp. passim.
  2. Arat. Phæn. (v. 60e) ed. Buhle gr. lat. Lips. Cleom. Met. lib. I, c. 5.