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PRÉFACE.

de l’érudition, l’origine des noms des signes du zodiaque, et la solution des questions de cette nature sur des objets où la superstition et la raison des localités et des travaux de l’agriculture ont eu autant ou même plus de part que l’étude du ciel.

Renaudot prétend que l’astronomie des Grecs[1] ne doit rien à celle des autres nations. Il veut sans doute parler de leurs méthodes, car il est impossible de croire qu’elle n’ait pas sa source dans celle des Chaldéens, dont nous voyons que Ptolémée emprunte des observations qu’il adapte à ses calculs. Les Grecs se sont créé des méthodes qui n’appartiennent qu’à eux ; mais les élémens de la science leur ont été fournis par les Phéniciens qui ont porté dans la Grèce les premières connoissances astronomiques que les Égyptiens tenoient, comme les Syriens, des premiers observateurs qui résidoient à Babylone. La préférence que Ptolémée donne aux observations des Chaldéens qu’il cite fréquemment, sur celles des Égyptiens dont il n’en rapporte aucune, prouve suffisamment que si l’astronomie grecque doit quelque chose à l’Égypte, elle a reçu plus de fables que de vérités des prêtres égyptiens, les seuls hommes de cette contrée qui fissent de l’astronomie l’objet de leurs recherches. Car en la voilant sous des emblèmes mystiques qui la rendoient inaccessible à tout autre qu’à eux-mêmes, ils en avoient fait une science occulte dont les secrets n’étoient révélés qu’aux initiés ; et en la soumettant au respect ordonné par la politique du gouvernement pour les opinions anciennement admises, ils retardoient ses progrès comme ils l’empêchoient de se perfectionner, en consacrant par le sceau de la religion les erreurs et les préjugés qui avoient présidé à sa naissance.

Le premier âge de l’astronomie grecque, infecté du vice de son origine, est tellement rempli d’erreurs, d’incertitudes et de contradictions, qu’il ne mérite pas d’entrer dans les préliminaires d’un ouvrage dont le but est de donner pour fondemens à la science, les faits des observations et les calculs de la géométrie. Sur ce principe, l’astronomie ne commence véritablement à se montrer avec honneur dans la Grèce, qu’à l’époque où Thalès s’élevant au-dessus des idées vulgaires, traça à ses successeurs la route qu’ils devoient suivre. Né à Milet vers le milieu du septième siècle avant notre ère, il ne put, dit Costard[2] après Gassendi, prédire l’éclipse qu’Hérodote rapporte qu’il annonça aux Ioniens, que par le moyen du Saros qu’il apprit sans doute à connoître, dans ses voyages.

Le Saros étoit une période chaldaïque dont Pline fait mention, et qui est de 223 lunaisons suivant Halley, après lesquelles reviennent en 18 ans et onze jours, les éclipses et les autres phénomènes du mouvement de la lune, dans les mêmes circonstances de distances au soleil et à l’apogée. « Ce n’est, dit Costard[3], que le cycle introduit dans l’usage civil, 431 ans avant J.-C. par Méton ; et une preuve que Thalès l’a connu avant Méton, c’est qu’Anaxagore a prédit par ce même moyen la grande éclipse de soleil qui, au rapport de Thucydide, arriva dans la première année de la guerre du Péloponnèse ».

On pourroit objecter que Thalès a pu avoir connoissance des plus anciennes

  1. Mém. de l’Acad. des Inscriptions, tom. 2.
  2. History of astronomy.
  3. Ibid.