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PRÉFACE.

depuis son origine. Je ne ferois que répéter ce que Weidler, Costard, Montucla et Bailly en ont écrit avec assez de détails pour rendre inutile tout ce que j’en dirois après eux. Je veux seulement marquer la succession des astronomes dont Ptolémée fait mention, avec les temps où ils ont vécu ; et montrer en quoi consistent les caractères bien distincts des trois âges de l’astronomie grecque, celui qui a précédé Thalès, celui de Thalès à Hipparque, et celui d’Hipparque à Ptolémée.

Pour ne rien omettre cependant, de ce qui peut contribuer à l’intelligence du livre de Ptolémée, j’indiquerai les derniers chapitres de l’Exposition du Système du Monde, aux personnes qui voudront savoir ce qu’avoit été l’astronomie avant Ptolémée, et ce qu’elle devint après lui ; comme je recommande la lecture de cette exposition pour la connoissance des principes de la science du ciel, sans lesquels on tenteroit en vain de pénétrer dans les labyrinthes obscurs de l’astronome grec. Elle applanit en effet les premières difficultés de la science, elle en présente l’ensemble aux esprits qui s’y portent avec le goût qu’elle leur en fait naître, elle leur en développe les diverses parties, elle leur en montre les rapports mutuels, pour leur en expliquer les loix dans cette mécanique céleste si sublime, à laquelle elle les prépare, comme par la perspective lointaine de son étendue et de sa richesse.

L’astronomie est née partout, car le ciel offre partout à nos regards excités par la magnificence et la variété du spectacle qu’il étale sans cesse à tous les yeux, la succession constante des jours et des nuits, des saisons et des retours périodiques des astres, avec cette harmonie entre tant de corps si éloignés les uns des autres, qui est la preuve la plus sensible de l’ordre qui règne dans la construction et le mécanisme de l’univers. Mais l’astronomie n’a pas pris partout les mêmes accroissemens. Il faut plus que des yeux, pour concilier des mouvemens si divers qui semblent se combattre ; pour calculer le cours des astres, et assigner d’avance leurs places dans le ciel, en chaque instant de la succession des temps ; pour rassurer le vulgaire effrayé, sur les causes ou les suites des phénomènes extraordinaires qui bien loin de troubler l’ordre de la nature, l’entretiennent au contraire, et en sont des conséquences nécessaires. Presque partout l’astronomie est restée brute et dans l’enfance. Chez les nations même les plus anciennement civilisées, nous n’appercevons que des méthodes purement élémentaires ou des procédés sans liaison entr’eux, que Bailly prend pour les restes d’une astronomie atlantique depuis long-temps perdue[1]. Mais ni les formules indiennes que le Gentil a recueillies[2], ni les opérations des Chinois avant qu’ils eussent le secours de nos missionnaires[3], n’ont rien de commun avec celles des Grecs qui sont les seules que Ptolémée nous ait conservées. Bornons-nous donc à suivre la route qui nous conduit directement à l’ouvrage de Ptolémée, par ceux des philosophes grecs qui l’ont précédé ; et en nous concentrant dans ce qui est proprement du ressort de l’astronomie, abandonnons aux recherches

  1. Histoire de l’Astronomie Ancienne.
  2. Voyages de le Gentil.
  3. Du Halde, Descript. de la Chine, tom. III ; et Gaubit, Observ. math. astr.