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PRÉFACE.

assuré l’universalité qu’avoient eue autrefois la langue grecque en orient, et la langue latine dans l’occident, étoit la plus propre à répandre partout la connoissance de ces observations dont on ne peut se passer, et de ces méthodes toujours étudiées avec fruit.

On se feroit, en effet, une fausse idée de cet ouvrage, si on le regardoit comme un simple répertoire des premières notions qu’aient eues les anciens sur l’astronomie ; c’est l’unique monument des plus anciennes observations des Chaldéens et des Grecs, avec leurs dates, et les lieux des astres à des époques certaines de temps et de mouvement. « Nous sommes obligés, dit Lalande[1], d’emprunter du grand ouvrage de Ptolémée, toutes les observations anciennes sur lesquelles est fondée la recherche des mouvemens célestes ». « Cet ouvrage, dit Bailly[2], fait la communication entre l’astronomie ancienne et la moderne. Des observations importantes par leur antiquité y sont conservées. Sans elles nous ne connoîtrions pas les mouvemens moyens des planètes aussi exactement que les connoissoient Hipparque et Ptolémée. Ce livre d’ailleurs contient les méthodes ou le germe des méthodes qui sont encore pratiquées aujourd’hui ». Enfin ce qui met le comble au mérite de l’ouvrage de Ptolémée, c’est qu’il contient l’esprit de ceux d’Hipparque, « dont nous ne connoissons bien les travaux, dit l’auteur de la Mécanique Céleste, que par l’Almageste de Ptolémée qui nous a transmis les principaux élémens des théories de ce grand astronome, et quelques-unes de ses observations. Leur comparaison avec les observations modernes, en a fait reconnoître l’exactitude ; et l’utilité dont elles sont encore à l’astronomie, fait regretter les autres, et particulièrement celles qu’il fit sur les planètes, dont il ne reste que très peu d’observations anciennes » [3].

Pour mieux apprécier l’importance du service que Ptolémée a rendu à l’astronomie, jettons un coup-d’œil sur les principales révolutions de cette science, avant qu’elle fût traitée par cet auteur. Cette espèce d’introduction nous tiendra lieu du Précis historique par lequel il auroit dû préluder à ce qu’il en a écrit. Car nous lui saurions meilleur gré de nous avoir marqué ce qu’il devoit à chacun des astronomes qui l’avoient précédé, et ce que la science lui devoit à lui-même, que des raisonnemens de pur aristotélisme par lesquels il débute, et qui ne pourroient inspirer que du mépris pour son ouvrage, si l’on n’en jugeait que par son prologue.

Mon dessein n’est pas de réparer cette omission par une histoire de l’astronomie grecque. M. Schaubach en publie une que m’a procurée, avec les Œuvres de Bode, l’auteur de la Théorie des Fonctions Analytiques, pour m’ouvrir la voie à la présente interprétation dont la postérité sera redevable aux conseils et aux encouragemens de cet illustre géomètre ; tant est grand l’intérêt qu’il prend à une science qu’il a si souvent éclairée par des travaux plus d’une fois couronnés[4] !

Je ne veux pas non plus compter tous les degrés que l’astronomie a parcourus

  1. Astronomie, tom. 1.
  2. Bailly, Hist. de l’Astronomie, tom. 1.
  3. Exposition du système du Monde.
  4. Mém. et Prix de l’Ac. des Sciences, 1764.