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PRÉFACE.

plus loin elle donne deux fois la valeur 49″ à l’arc BE auquel elle a d’abord donné 59″ ; et à BG, 46′ au lieu de 43′ qu’il faut.

Il seroit trop long de rapporter toutes les erreurs de ces deux versions. Dans la première des tables, qui est celle des cordes des arcs du cercle, la première version présente, dès la première ligne, 0 minute, 2 secondes 50 tierces ; et la seconde 1 minute, 2 secondes, 50 tierces ; et qu’on ne dise pas que cette faute ne vient que d’inadvertance, car elle se trouve répétée jusqu’à trois fois de suite dans l’imprimé. Tantôt c’est une omission considérable, comme dans le chapitre 13 du livre I, où la mineure d’un syllogisme manque dans une démonstration géométrique, quoi qu’elle y soit nécessaire pour le raisonnement, et qu’elle soit exprimée dans le grec ; c’est la proposition : or le double de l’arc TB est de 115d 28′ à peu près. Tantôt c’est un changement d’affirmation en négation, comme dans le chapitre 2 du livre III où la seconde version met une particule négative qui n’est pas dans le grec. Ou bien, ce sont des nombres falsifiés, comme dans le livre IV, chapitre 10, où la première version place une éclipse de lune à la 24e année de la seconde période calippique, tandis que la seconde la met à la 54e. Et, chapitre 8, elle fait le disque de la lune égal à la 660e partie de l’orbite, tandis que tous les manuscrits disent qu’elle en est la 650e partie. Ailleurs, elle met 170 jours au lieu de 176 qu’il faut dans le chapitre 6 de ce livre. Les fautes de calcul ne sont pas moins nombreuses ; la première version substitue [illisible] d’heure aux du grec dans le ch. 8 du même livre, à la fin duquel la seconde met 7 pour 70d. Je ne suis pas le seul qui me plaigne de ces fautes. Pétau reprend avec raison cette seconde version, d’avoir omis les 2 heures après minuit, du 11 au au 12 Mésor, expressément marquées par Ptolémée dans l’observation du solstice d’été de l’an 887 de Nabonassar ; faute qui a induit Bunting en erreur, pour s’en être trop légèrement rapporté à cette seconde version[1]. Et il ne se trouve que trop souvent de semblables exemples d’auteurs modernes qui se sont égarés à la suite de ces deux versions[2] ; comme Bouillaud le reproche à Landsberg, par trop de confiance en elles, ou parcequ’ils n’ont pas été jusqu’à la source.

C’est donc, au lieu de rallentir les progrès de la science, l’éclairer au contraire dans sa marche, que de publier, de l’ouvrage qui en expose les premiers pas assurés, ou les premières opérations dirigées par l’esprit de méthode et de calcul qui y règne, une traduction exempte des fautes justement reprochées à ces deux versions. Sans doute, si Ptolémée avoit eu comme Euclide et Archimède, des Clavius, des Simson, des Barrow, des Gregory, des Commandin et des Torelli, pour interprètes dans la langue des Pline et des Cicéron, une nouvelle version en langue moderne en seroit assez superflue. Mais il s’en faut beaucoup qu’il ait eu l’avantage de trouver des hommes aussi capables de le rendre en une langue familière à tous les savans de l’Europe, que de l’entendre dans la sienne. Et puisque la science est intéressée à trouver dans une interprétation exacte du sens de notre auteur, les observations qu’il rapporte et les méthodes qu’il emploie, celle des langues modernes à laquelle les trésors de sa littérature ont

  1. Doctr. Tempor. L. IV.
  2. Astron. philo., L. III, p. 149.