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PRÉFACE.

dit ce fameux observateur du ciel, l’on n’a pas tiré grand parti, ce me semble, des observations de Mercure rapportées dans Ptolémée, qui furent faites, il y a seize ou dix-huit cents ans. Pour moi, j’ai reconnu que ces anciennes observations sont importantes, qu’elles déterminent le mouvement de l’aphélie aussi exactement que les observations du dernier siècle… Parmi ces observations, il y en a huit qui s’accordent plus ou moins à prouver que le mouvement de Mercure et celui de son aphélie, dans les tables de Halley, doivent être augmentés ».

Voilà donc les observations de Ptolémée, qui servent à corriger les résultats de celles des astronomes modernes ; et non seulement elles les corrigent, mais par leur justesse, elles servent encore à les vérifier. C’est ce que prouve le second exemple que j’ai à citer, et que je tire d’un Mémoire de l’auteur de la Mécanique Céleste, sur les mouvements séculaires de la lune. Nous y lisons que si on augmente de 4″,7 par siècle, le mouvement synodique actuel, l’élongation de la lune, pour la première époque des tables de Ptolémée, devient de 70° 37′ 54″, plus grande seulement de 54″ que celle de Ptolémée. « On ne devoit pas, ajoute ce grand géomètre, espérer un si parfait accord, vu l’incertitude qui reste sur les masses de Vénus et de Mars, dont l’influence sur la grandeur de l’équation séculaire de la lune, est sensible »[1].

L’utilité de l’ouvrage de Ptolémée ne pouvant plus être contestée après de pareils témoignages, il faut qu’on avoue pour les personnes qui ne peuvent lire le texte original de l’auteur, la nécessité d’une traduction qui réunisse la clarté à la fidélité. Or voyons si ces deux qualités se rencontrent dans les deux versions latines que nous avons de cet ouvrage. Je ne dirai rien des fautes de style ; celles de sens sont bien autrement importantes, et je n’en rapporterai qu’un petit nombre.

Dès le liv. I, ch. 3, 4e de la première version[2] nous lisons dans celle-ci : Declaratur igitur nobis per equalitatem ejus quod gibbositas terræ nobis occultat his duabus partibus : cum ad invicem comparantur in omnibus earum plagis : quod ipsa est rotunda. Et dans la seconde : Ut hinc pateat quod etiam hæc terræ globositas obices proportionaliter ad laterales faciens partes spæricam figuram undique ostendit.

Est-il possible de tirer le moindre sens de ces phrases d’un latin barbare ou plus obscur que le grec, où il n’y a rien qui ait rapport aux mots duabus partibus de la première, et dont le mot ἐπιπροσβήσυς n’est rendu ni par l’une ni par l’autre ? Le chapitre 2 du livre III contient un passage qui a fort exercé les Pères Pétau et Riccioli, et leurs efforts n’ont abouti qu’à l’interpréter diversement. Le voici tel qu’on le lit dans la première version : Sed in annis quorum principia sunt a punctis differentiarum quatuor temporum non est mirum si præterit apud me et apud Arsamidem in consideratione et estimatione quantitatem quarto diei. Et dans la seconde[3] : Sed in solstitialibus spero nec nos nec Archimedem in observatione atque computatione ad quartam usque partem diei errasse. On voit que ces deux versions disent précisément le contraire l’une de l’autre ; car selon la première il n’est pas étonnant qu’Archimède et Ptolémée se soient trompés d’un quart de jour sur la longueur de l’année ; et selon la seconde, Ptolémée

  1. Mém. de l’Institut, vol. 2.
  2. Ven. 1515.
  3. Basil. 1551.