Page:Ptolémée - Almagest, traduction Halma, 1813, tome1.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ij
PRÉFACE.

anciennes comparées aux nôtres. Ptolémée rapporte trois observations d’éclipses de lune, faites à Babylone par les Chaldéens, qui sont les plus anciennes dont on nous ait conservé la mémoire… ». Puis ayant fait sur ces trois éclipses les calculs dont on peut voir les détails dans son ouvrage, il ajoute : « Pour déterminer présentement le mouvement des nœuds de la lune par la comparaison des observations anciennes avec les modernes, on aura le 1er septembre, 719 ans avant J.-C., le vrai lieu du nœud ascendant à 22d 52′ du lion. Or il étoit, le 9 septembre 1718 après J.-C., à 16d 40′ de la vierge, plus avancé de 23d 48′ suivant la suite des signes, que le 1er septembre avant J.-C. : d’où il suit qu’il manque cette quantité que les nœuds de la lune qui vont en sens contraire, n’aient achevé un certain nombre de révolutions entières qu’on trouve être de 131 révolutions, en divisant l’intervalle entre ces observations qui est de 2437 années, dont 608 sont bissextiles, 19j, 2h, 16′, par la révolution des nœuds trouvée ci-dessus de 6800 jours ; c’est pourquoi, si on partage cet intervalle par 130 révolutions 336d 12′, on aura la révolution moyenne des nœuds, de 6798j, 7h, qui par une proportion donne le mouvement annuel de 19° 19′ 45″ ; et en divisant celui-ci par 365, le mouvement journalier, de 3′ 10″ 38‴.

Cassini a suivi, dans cette comparaison l’exemple de Ptolémée lui-même car selon la remarque du P. Pétau [1], Hipparque ayant comparé les solstices de Méton et d’Aristarque avec ceux qu’il avait observés, Ptolémée ensuite a fait le même usage des solstices observées par Hipparque. Et c’est ainsi que Lalande marchant sur les traces de ces grands hommes, a conclu[2] des équinoxes d’Hipparque consignés dans l’ouvrage de Ptolémée, la durée de l’année de 365 jours 5 heures 48 minutes 45 secondes à peu près comme dans les tables du soleil, de Lacaille ».

À la vérité, Lalande, dans son premier Mémoire sur Mercure[3], dit que presque tous les astronomes ont trouvé Ptolémée en défaut, chacun dans la partie qu’il a approfondie ; « n’est-ce pas un motif suffisant, se demande-t-il, pour écarter les observations de cet auteur, lorsque nous nous trouvons dans l’impossibilité de les concilier avec les anciennes qu’il rapporte » ? Je ne puis nier que Lalande n’ait raison dans ce cas ; mais ces anciennes observations que Ptolémée rapporte, ne se trouvent que dans le livre de Ptolémée. Lalande lui-même a été obligé d’y prendre celles par lesquelles il l’a corrigé, et il reconnoît avec Cassini, l’accord des tables de la lune avec ces anciennes observations consignées dans ce livre [4].

Mais, dira-t-on encore, si cet ouvrage a pu être utile dans le temps où l’on a commencé à établir l’astronomie moderne sur des bases plus solides, à quoi peut-il servir aujourd’hui qu’elle a perfectionné ses méthodes ? et voyons-nous que les astronomes de nos jours, l’aient consulté pour leurs recherches, et en aient profité pour leurs découvertes ?

Oui, et je peux en citer deux exemples décisifs ; le premier m’est fourni par le second Mémoire de Lalande sur le mouvement moyen de Mercure[5]. « Jusqu’ici,

  1. Doctr. Temp., Liv. IV.
  2. Mém. de l’Acad. des Sciences, 1757.
  3. Acad. des Sciences, 1766.
  4. Élém. d’Astronomie, p. 218.
  5. Mém. de l’Acad. des Sciences, 1766.