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terres de soleil et de sommeil

hommes de son village. Chaque fois qu’un joueur lance les petites cauries en faisant claquer ses doigts, Sama éclate de rire et il parle fort, il parle… il parle…

— Sama, pourquoi ris-tu ?

— Non…

Il renverse la tête en arrière en montrant deux rangées de dents étincelantes.

— Comment, non ! Dis-moi pourquoi tu ris…

Sama rit de plus belle, et je suis un peu vexé… Mais à l’autre bout du village, une musique grandit, déchire l’air, devient furieuse et sauvage.

— C’est yula[1], dit Sama.

En effet, aux dernières cases, tous les hommes du village sont rassemblés. Au milieu de leur groupe pressé, les musiciens s’acharnent en grimaçant ; il y a un joueur de balafon, un tambour, une flûte en bois et une corne d’antilope où souffle un enfant, en gonflant ses joues comme un triton. Un homme s’approche des

  1. Yula, tam tam en baya.