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terres de soleil et de sommeil

vigilant. Il a une tunique courte qui lui descend jusqu’à mi-cuisse, une ceinture en paille fine, les jambes et les bras nus. C’est une bête familière. On dirait que ses grands yeux n’ont pas de regard. Ils ne me parlent pas et pourtant ils sont uniques.

Sama est assis par terre. Son corps est beau comme celui d’une statue. Dans mon pays, où l’enfant très jeune se courbe vers la terre ou se penche sur des livres, on n’imaginerait pas les corps souples et sains d’adolescents qui n’ont jamais su la misère ni le travail.

Gomment connaître Sama ? C’est un petit fantôme qui passe dans ma vie. Il est la peur de la pensée et la douce apparition de la tristesse.