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terres de soleil et de sommeil

remarque que le sentier sur lequel nous cheminons est très large ; à droite et à gauche, à quelques mètres, il y a d’autres sentiers parallèles. Nous ne devons pas être loin du pays des Boums et cette route est celle que suivent les Foulbés, quand ils viennent du Boubandjidda razzier dans cette région, peut-être la route qu’ont suivie jadis les Boums, quand les Foulbés les ont poussés vers l’Est, loin des montagnes du Kameroun. Ainsi, sur ce carré blanc que je regarde sur une mauvaise carte, il y a eu des passions, des batailles, des conquêtes, des exodes de peuples, des chocs de races.

Parfois, des hommes passent là, en chevauchées furieuses, et d’autres cheminent avec de longs convois de bœufs, de femmes, d’esclaves, dans le soir… La solitude s’emplit parfois de visions fantastiques. Des peuples entiers sont allés par là vers d’autres terres.

Jamais rien ne subsiste de ces grands mouvements humains. L’oubli de la grande savane engloutit tout cela et il ne reste qu’un peu plus