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terres de soleil et de sommeil

Pays lamentable, aux hautes herbes indéfinies, sans hommes, presque sans eau, empli de mort. Nous ne savions plus où nous étions. Verrions-nous bientôt des cases, un village ? Allions-nous entendre la rumeur de la vie ? Où demain nous mènerait-il ?

Depuis Ouantonou, c’étaient des plaines, puis des collines, puis des plaines, et partout l’immense désert de la savane. Une tristesse rude, avec un peu de vague inquiétude et de la détresse, me serrait la gorge. Et de la pitié, à voir nos pauvres Bayas, si loin de chez eux, sur la terre hostile. Il me semblait que l’Afrique était une chose immense, informe, indéfinie, meurtrière. Ouantonou ! Ce nom revenait à ma mémoire. Il me semblait un nom de détresse et de déroute. Ouantonou ! Cela disait la ruine, l’abandon, le froid…

Au sortir d’un col étroit, dans la montagne, nous avions vu des cases, la plupart à moitié détruites, toutes désertes, depuis longtemps désertes. Des fragments de marmites jonchaient