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terres de soleil et de sommeil

est venu, les influences qu’il a subies ? Qui sait si, dans des temps antérieurs, la splendeur de l’Orient n’a pas ébloui ses yeux, s’il n’a pas eu des Mages et des Christs, s’il n’a pas connu nos douleurs et nos inquiétudes ? Et puis plus tard, échoué sur cette terre de sommeil et de mort, écrasé par l’éternelle forêt où rien ne vit, où rien ne vibre, ne s’est-il pas découragé, replié sur lui-même ?

Dans les crépuscules toujours semblables des jours égaux, tandis qu’un gros disque fuligineux baissait à l’horizon morne, dans les soirées sans rires et sans chansons, n’a-t-il pas renoncé à la lutte incertaine ?

C’est le mystère, hélas ! et le grand secret des siècles. Mais ne cherchons pas. Le Baya nous apprend que les joies de la vie sont fugaces et qu’il faut les saisir quand elles passent près de nous. Il nous dit qu’il ne faut pas rêver du ciel et que, seule, l’insouciance animale de vivre rend les heures légères et voluptueuses. Écoutons seulement son conseil. Et alors, en passant le soir dans les villages,