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terres de soleil et de sommeil

Combien ces hommes étaient près de nous ! Quelle identité dans l’amour et dans l’amitié ! Que leurs consciences nous sont connues et familières !

Je repense maintenant au paradoxe de Joseph de Maistre.

Paresseux et subtil, menteur et compliqué, sentimental et artiste, sensuel et impudique, dégénéré et ingénieux, vicieux et charmant, tel nous avons rencontré le Baya. N’est-il pas un aboutissant, l’aboutissant d’une série d’hérédités aussi compliquées que les nôtres ?

Plusieurs traits nous attestent l’antiquité de la race. Le nom du village de Gougourtha rappelle singulièrement celui du célèbre Berbère, Jugurtha, qui s’illustra dans sa longue lutte contre les Romains. D’autres noms de villages ont des sonorités symptomatiques : Berbérati, Gaza, et bien d’autres. Il faut prendre garde de ne pas s’aventurer trop loin. Mais qui sait si ce peuple n’eut pas des destinées glorieuses ? Qui connaît les pays d’où il