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terres de soleil et de sommeil

Stridents et à courir comme des possédées dans toute la longueur du tata. Beaucoup prenaient la précaution de changer le petit paquet de feuilles qui les habille, contre un paquet de feuilles plus gros et plus décent. D’autres venaient se rouler dans la poussière, à nos pieds. Une vieille prit ma main et la baisa avec frénésie… Puis des hommes armés de sagaies, de boucliers, de couteaux de jet firent irruption dans le tata et commencèrent la danse de guerre. Nulle parole ne saurait dire la beauté parfaite de leurs attitudes de bataille. Un genou en terre, le torse et le chef renversés en arrière, la haste haute, ils restaient en arrêt, immobiles comme des statues d’athlète antique. D’un bond, ils se relevaient et sautaient à pieds joints par-dessus leur bouclier tenu dans la main gauche. Et alors ils rampaient, s’avançaient avec des souplesses félines contre l’ennemi imaginaire.

Je ne pense pas que cette danse soit fantaisiste. Les poses des combattants sont hiératiques et apprises. Elles signalent, plus que la