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terres de soleil et de sommeil

petit enfant dans chaque bras et son regard allait de l’un à l’autre, béatement. Dans le fond du tata, des groupes s’abandonnaient ; des époux, enlacés, se baisaient longuement sur la bouche. Il y avait un peu de gravité dans tout ce bonheur, quelque chose de contenu et de noble dans ces effusions. Il y avait là surtout beaucoup d’humanité, et de notre humanité, toute faite de faiblesse et d’abandon du cœur.

Tout à coup, d’un groupe serré, s’éleva un chant monotone et monocorde, toujours cette même complainte obsédante où l’on dirait que les Bayas ont mis toute leur âme et son essence la plus intime. Ce fut alors l’expression subite et sans apprêt de la joie. Il y eut une sorte d’exaltation. Deux tambours faisaient rage et aussi cette double cloche en airain, sorte de gong, instrument de musique cher aux Bayas, qui jette, parmi la voix crépusculaire des chœurs, des notes de clarté, doucement mystiques et religieuses.

Les femmes se mirent à pousser des cris