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terres de soleil et de sommeil

Lakas, des M’boums, des Moundangs ; ce sont des « sauvages ». Chez l’étranger, il est malade, incapable de se plier au climat nouveau, aux exigences nouvelles de la vie. Mais c’est son cœur aussi qui est malade, du regret de la Mambéré perdue.

Dès que l’on a dépassé les Monts Yadé par le 7e>/sup> parallèle Nord, et que l’on entre dans le pays M’boum, le baya ne se nourrit plus. Privé de manioc, il ne peut s’habituer au mil qui est l’unique culture de tous les pays du Logone. Il dépérit comme une fleur transplantée et se laisse, sans résistance, incliner vers la mort. Sur les routes, on les entend souvent murmurer les syllabes chères : Mambéré.... Mambéré.... L’un des nôtres, un homme du village de Gougourtha, me décrivait un jour sa case. Ce que j’ai compris de son discours m’a touché jusqu’au fond de l’âme :

— Ma case, disait-il, est tout près de la case de Gougourtha ; tu vois : ici, ma case ; ici, la case de Gougourtha. A côté, c’est la case de Moussa qui est mon camarade, mais je n’ai pas