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terres de soleil et de sommeil

encore les petits torrents dont l’eau smaragdine est si froide à la bouche, à retrouver, après tant d’excès et d’aventures, ces aspects oubliés, calmes comme les paysages du Morvan, dont un seul suffirait à remplir toute une existence d’un impérissable parfum de poésie.

Dans les lointains, des cases palpitent et les villages apparaissent, propres et nets, au détour des chemins.

Et, de nouveau, ce sont les longues soirées, fraîches parfois, où les heures s’écoulent vite dans l’absolu oubli de tout ; de nouveau, les chansons bayas et les brouillards emplis d’indistincts murmures. C’est le retour à Mambéré.

Le Baya est très attaché à sa terre ; il aime son pays, sa patrie, c’est-à-dire son village et sa case. Loin de chez lui, il a la nostalgie de son ciel gris, de ses champs de manioc, de sa « bandja » où il fait si bon s’accroupir pendant des heures à ne rien faire, à ne rien dire, à ne rien penser. Il regrette sa femme, et sa « nana », sa mère, et son fils qui bientôt subira la grande initiation, le Labi. Il ne faut pas lui parler des