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terres de soleil et de sommeil

IV

Nous sommes accoutumés à la laideur. Que l’on parcoure pourtant, avec des yeux vierges, nos campagnes et nos villes et que l’on suppute tous les aspects de tristesse et d’indigence qui se présenteront sur la route. C’est en vain que l’on poétisera le paysan qui pousse sa charrue, l’ouvrier qui sort de l’usine ou de la mine. Le paysan est une chose laide. L’ouvrier est une chose laide. La misère a fait cela et le travail, et un long écrasement qui a tué tout germe de vie, qui a fait de ces corps des automates.

Nous devons avouer que la présence des hommes nous a toujours gâté la divine douceur