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terres de soleil et de sommeil

que la beauté. Et voici que, parmi ces sauvages, des images nous émeuvent que nous savons pertinemment être belles. Ce n’est point de la beauté neuve, inattendue, étrangère à nous. C’est bien « notre » beauté, celle-là qui £ait notre incessante poursuite, celle-là qui nous a nourris et que depuis si longtemps nous avions perdue. Nous avons assisté à Dioumane aune scène de l’Enéide. Nous revenons ici, aux bords sereins du Logone, sur les bancs de l’école, Après un détour assez curieux, nous retrouvons le Portique, et l’hellénisme, derechef, nous assiège. Malgré nos efforts pour ne pas compromettre, par des réminiscences, la primitive beauté du spectacle, ces hommes qui couraient vers le fleuve, leur souplesse, leur grâce unique par qui ils semblaient voler, tels des annonciateurs de victoire, nous évoquaient des statues antiques, jusqu’à présent reconnues impossibles et périmées.