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terres de soleil et de sommeil

les murs qui enclosent les cours sordides des cases, circulent des rues étroites et tortueuses qui aboutissent toutes au fleuve. Seulement, en un endroit de la berge, un grand arbre, souvent un tamarinier, se penche sur la grève dorée et abrite sous ses branchages un peu de vie et de mouvement.

En arrivant sous le grand arbre de Dioumane, le 10 mars, nous apercevons, bien au delà de la rive adverse du fleuve, une fumée épaisse se tordre vers le ciel en chevelure d’ombre. Il n’y a nul bruit dans le village. Des femmes attendent sur la berge… Un grand oiseau au pennage compliqué, comme on en voit sur les estampes japonaises, effleura l’eau diaphane et passa… Soudain, de toutes les ruelles du village, apparaissent des hommes, un à un. Un chef hostile a incendié les herbages de Dioumane, et l’on va le combattre là-bas, de l’autre côté du Logone. C’est maintenant un vomissement continu de partout. Les hommes armés surgissent silencieux et se hâtent vers la rivière. On entend seulement un clapotis, quand