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terres de soleil et de sommeil

C’était à Dioumane, sur le Logone. Ce fleuve insigne a toujours été l’objet de nos plus constantes sympathies. Il est au village de Dioumane d’une grande largeur ; ses eaux céruléennes s’écoulent sur un fond de sable doré qui, sur les rives, étincelle au permanent soleil. Rien, dans le paysage, ne saurait vous détourner de la contemplation de cette eau et de ce sable, et l’on imagine difficilement une campagne plus nue que celle-ci, des lignes plus simples, plus pures, ni d’apparence plus aristocratique. Cela fait penser à l’écriture de Louis XIV.

Sur les berges plus élevées de la rive droite, les villages, entourés de murailles parfaitement circulaires, stagnent dans l’infinie lumière du jour, semblables à des couronnes de deuil. Ils sont tristes, sans rien qui dise la douceur de la vie commune, tristes et nus comme le décor qui les entoure. On n’y voit point la bandja des Bayas où les hommes s’assemblent, tandis que les enfants s’ébattent, nus comme les bambini du vieux Lucca della Robbia. Entre