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terres de soleil et de sommeil

grands boucliers en paille tressée. Tels étaient ceux que nous vîmes plus tard en pays Yanghéré sur les rives de la Mbaéré. Les initiés ne parlent pas le baya, mais une langue spéciale qui s’appelle le labi, et qui est la langue de l’initiation. Encore une fois, nous sommes devant un très vieux rite qui trouve son origine dans une conception très complexe de la vie. Un très vieux rite qui n’est plus, hélas, qu’un de ces menus gestes par qui s’exprime encore un peu du passé d’une race, un peu de ses antérieures destinées !

Cette nonchalance sobre, cette élégance, qui seules attestent le sens artiste de la race, nous ont paru un des traits les plus aimables, en même temps que l’un des plus surprenants des peuples noirs que nous avons visités.

Partout, chez les Bayas, plus tard, chez les Lakas, chez les Moundangs, chez les M’baïs, nous avons eu l’impression d’une grande vieillesse un peu lasse, un peu désabusée, très persuadée de l’inutilité des actes quotidiens, très hostile aux inutiles mouvements.