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terres de soleil et de sommeil

gracieuses adolescences et l’on eût dit de ces éphèbes qui courent sur les métopes du Parthénon, porteurs de lances ou de rameaux d’olivier. Mais leur air sérieux, leur attitude de statues donnaient à leur jeunesse un peu de solennité.

Je connus que ces hommes étaient des labis. Les labis sont en quelque sorte des écoliers, et leur école, leur temps d’école, avec ses travaux et ses joies, s’appelle le Labi. Le Labi est, chez les Bayas, la grande fête de la Virginité, coutume charmante où le jeune homme s’initie aux mystères de la vie et de l’amour. Notez : de la vie et de l’amour, car le Labi n’est pas seulement l’initiation à l’amour ; il est surtout une épreuve où l’enfant s’accoutume aux combats de l’existence et à ses périls. « Labi » veut dire « danger » en baya. La grande beauté du Labi est de vouloir former des hommes souples et vigoureux, d’habituer les âmes au courage, en même temps que de désigner, par une sorte de sélection, les individus marqués pour perpétuer la race en