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terres de soleil et de sommeil

III

Une sorte de maniérisme délicat, quelques raffinements du cœur, avec l’ignorance presque absolue de notre morale, une mentalité même de décadents et de fatigués, m’ont dès l’abord étonné chez ces habitants des pays de la Mambéré. Je ne pourrai jamais comprendre le paradoxe de ces âmes frustes à la fois et compliquées.

Ce qui apparaît avant tout, ici, c’est de la grâce sentimentale. Peu de force. Peu d’énergie. Mais des faiblesses souvent jolies et inattendues. Écoutez cette berceuse que chantent les femmes kakas à leurs bébés, et tâchez d’en imaginer la subtile et douce harmonie :