Page:Psichari - Terres de soleil et de sommeil (1917).djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée
3
terres de soleil et de sommeil

vers la forêt, jusqu’à Bania. Partis le matin au petit jour, nous arrivions vers midi au village de N’Gombo.

N’Gombo ne compte guère qu’une quinzaine de cases bâties dans une courte éclaircie de la forêt. Vers le sud, on constate une forte colline dénudée et rocheuse, d’aspect aimable pourtant, et qu’un bouquet de bois couronne à son sommet. Bien que la pente soit rude et qu’un orage prochain rende la chaleur excessive, on consent volontiers à l’ascension de cette colline pour le plaisir de dominer l’écrasante et perpétuelle forêt vierge que l’on avait subie pendant les longues heures de la matinée. D’en haut, le spectacle n’est point singulier ni surprenant. Mais l’on ne saurait en imaginer de plus navrant ni de plus dissolvant. L’horizon quadruple n’est qu’un édredon de verdure ; nous pouvons mesurer du regard l’immensité d’où nous venons de sortir. Seulement, par endroits, des pentes herbeuses, où s’accrochent des masses de granit, font de la sauvagerie triste et de la douceur. Les