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terres de soleil et de sommeil

geais alors à la difficulté qu’il y a à se faire en Afrique une âme africaine. Perdu parmi l’immensité du fleuve, où stagnent, dans l’or du couchant, des îles roses, et, plus tard, entre les rives sylvestres de la Sangha, j’admirais, sans être ému.

Je résolus de m’abandonner, sans réfléchir, au charme, empli de mystère, de la brousse. La simplicité apparente recèle là-bas une complexité profonde à laquelle, dans le début, on ne prend pas garde. Les hommes sont divers, insaisissables dans leur âme profonde et lointaine. Les paysages nous disent des choses nouvelles qu’il faut savoir entendre. C’est sans hâte qu’il convient de pénétrer des intimités aussi neuves.

Je voulus une découverte prudente et classer seulement, en amateur, les quotidiennes émotions. Je voulus jouir, sans plus, de cette beauté inattendue où se mêlait parfois de la tristesse.

La navigation s’arrête à Nola. Le 2 novembre, nous quittions ce poste pour remonter, à tra-