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Les heures de la brousse unissent indissolublement. J’évoque maintenant avec une émotion bienfaisante les pays que nous avons vus ensemble, la Sangha, les monts sauvages du Yadé, et cette claire Penndé où vous vous êtes, avec vos compagnons, avancé le premier.

Et je vous revois aussi aux plus belles heures de notre misère, quand vous alliez vers votre idée. Je vous revois exactement… Vous aviez les bras nus et bronzés par le soleil, point de veste, et une vieille culotte effiloquée comme celle des mendiants de Callot. Derrière les lunettes, vos yeux avaient la malice et la douceur de votre Nièvre. Votre sourire nous rendait forts et confiants. Et vous marchiez gaiement, comme un brave homme.

Vous m’avez initié, mon Commandant, à une vie nouvelle, la vie rude et primitive de l’Afrique. Vous m’avez appris à aimer cette terre de héros que vous parcourez sans trêve depuis près de quinze ans. Je vous dois