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terres de soleil et de sommeil

flottaient dans l’air lourd de la pièce. Le vieillard me reçut avec de grandes marques d’honneur. Quatre ou cinq fois, il me prit les deux mains, et, portant ensuite la dextre à sa poitrine, il faisait entendre de confus murmures, des « heins, heins » prolongés qui marquaient de la déférence et du contentement. Je lui demandai de m’écrire quelques prières sur des morceaux de bois qui pussent m’accompagner dans la vie et me préserver des accidents de la brousse.

Il accéda à ma demande et me remit le soir deux longues prières que j’ai gardées précieusement.

Elles sont écrites dans le plus mauvais arabe et ne sont, hélas ! que des témoignages de la plus grossière et de la plus enfantine superstition. Ces deux planchettes, où les caractères écrits avec de la suie mélangée à de l’eau, sont collés avec une sorte de vernis malpropre, donnent des recettes, non pour se bien conduire dans la vie, mais pour éviter les embûches et les dangers qui nous environnent de