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terres de soleil et de sommeil

les productions littéraires du peuple, contes, chansons, etc. ; peu importe que cette littérature soit orale ou écrite. J’ai observé à Pyrgi le fait suivant : des individus qui, dans la vie ordinaire, parlaient le pur pyrgousain et qui paraissaient ignorer tout autre patois, dès qu’ils se mettaient à me dire un conte ou une chanson, changeaient immédiatement de langue et cela d’une façon inconsciente…

» Il semblait s’être établi une langue spéciale pour le récit, une langue consacrée au même titre que cette langue littéraire. Elle était néanmoins populaire puisqu’elle était destinée au peuple et venait du peuple. »

Notons encore ce fait extrêmement curieux que la langue des labis est une langue apprise qui se transmet de génération en génération. Les jeunes Bayas, comme les jeunes Yanghérés et les jeunes Lakas, lorsque commence cette période d’instruction, d’éducation, de préparation à la vie qui s’appelle le labi, apprennent une langue spéciale, qui est donc autre chose que la langue populaire apprise en naissant.