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terres de soleil et de sommeil

fois en pays baya et en pays yanghéré est que les indigènes ont une langue littéraire différente de leur langue ordinaire parlée. Les poésies bayas, kakas et yanghérés sont souvent très difficiles à comprendre à cause des altérations qu’y subit le langage courant de la vie quotidienne. Pour rendre le rythme harmonieux, des élisions sont permises ; des monosyllabes, préfixes, suffixes, interjections purement euphoniques, se glissent dans la syntaxe des phrases.

Des répétitions de mots, l’emploi de vocables inusités dans la conversation, contribuent encore à donner à ces productions primitives un caractère nettement littéraire, le caractère d’une poésie non écrite, mais astreinte pourtant à des règles, répondant à une esthétique. Mon père a fait en Grèce une observation analogue. « Il y a une langue littéraire parlée, dit-il[1], elle est littéraire parce qu’elle ne sert pas à la conversation, et n’est usitée que dans

  1. Jean Psichari, Essais de grammaire historique néo-grecque, 2 vol., Paris, 1889, t. II, p. 149.