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terres de soleil et de sommeil

plus douces pages de ma vie. Parmi vous, quel cœur dolent et meurtri ne se guérirait pas, quel cœur ne s’égalerait aux dieux ? Votre calme silencieux suscite en nous des tumultes. Du fond des âges de la vieille planète, nous arrivent des splendeurs nouvelles. Chez vous, nous devenons les premiers hommes, étonnés et fervents, qui voyaient de l’horizon nébuleux monter de rouges soleils…

Bientôt j’irai en Bretagne. Je reverrai le petit hameau de Tréshugel dont le murmure très doux se mêle au murmure plus rude de la mer. Je reverrai le bois de pins qui monte près du rivage harmonieux, le sentier où, tout petit, je suivais des yeux le vieux Renan, lourd de pensées et de génie. J’irai à cheval pendant des heures dans les chemins creux où chaque ajonc me redira une heure de mon enfance, où chaque branche m’enverra un parfum du passé.

Mais je penserai encore à la vieille Afrique, à la vieille terre du sommeil qui repose là-bas, sous le soleil.