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terres de soleil et de sommeil

Ces premières images nous accompagnent toute la vie ; les premiers rêves deviennent nos étoiles et nous suivent dans nos rudes pèlerinages. En France, nous sommes pris dans un engrenage social ; nous jouons sur la petite scène du monde un rôle préconnu, préfixé, conforme à notre richesse et au milieu où nous vivons. Mais là-bas notre cœur s’exalte vers les plus hautes pensées que l’on puisse avoir. Nous sommes transportés au-dessus de nous-mêmes. Je ne suis plus un jeune bourgeois français, occupé des travaux de mon état ; je suis un homme, en qui ne surnagent plus que des sentiments primitifs et frustes. Parmi les miens, je suis pénétré du désir de bien faire ; mais sur la terre d’Afrique, je ne pense pas à bien faire. Mon action s’y déroule naturellement comme une mélodie passionnée. Elle vaut pour elle-même, et non plus en ce qu’elle se rapporte à moi, à ma maison et à ma vie.

Le Centre-Afrique est un des derniers endroits du monde où l’on trouve la vie primi-