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terres de soleil et de sommeil

semble toujours tendu vers quelque chose d’absolu, ce regard de volonté absolue, ignorante des obstacles et des contingences. Mais quelle joie profonde nous étreint quand nous lisons ce livre au titre sonore comme un appel de victoire, au titre évocateur des combats primitifs dans l’âpre brousse : « La chute de l’Empire de Rabah » !

Notre foi a ses textes sacrés et ses bibles. Mon chef, le commandant Lenfant, m’a souvent raconté l’enthousiasme qui le transportait, dans sa jeunesse, lorsqu’il lisait le livre de Stanley : Dans la plus ténébreuse Afrique. Arrivé au passage où le grand voyageur raconte que, découvrant enfin le Tanganika et dominant l’immense nappe d’eau du haut d’une falaise, il s’écria avec ferveur : « Tanganika ! Tanganika ! », le jeune homme voyait dans un rêve lointain se dérouler d’immenses horizons inconnus avec un monsieur en casque blanc, botté et ceinturé d’un revolver, qui s’avançait tout seul en plein mystère parmi de hautes herbes, vers des lointains éclatants.