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terres de soleil et de sommeil

core les splendeurs de l’Afrique et ses délices. De chez moi, de ma ville qui déjà m’a repris avec son vieux passé, son passé de tous les siècles, je vois mieux la terre libre de là-bas, où l’on marchait heureux sous le soleil de l’éternel été. Maintenant je ne vois pas d’emploi plus digne de la vie que de partir vers les pays lointains, et d’user ses chaussures sur des terres nouvelles, par delà nos mers et nos océans. De telles équipées nous rendent meilleurs et nous font mieux comprendre l’innombrable beauté.

Je partirai encore vers d’autres cieux. Toutes les patries sont belles pour un cœur chaleureux et pour des yeux aimants. Mais nulle ne me sera plus bienfaisante ni plus reposante que l’Afrique. Sur cette terre jeune, nous avons pendant deux ans emmagasiné de la jeunesse pour toute une vie ; nous avons bu à cette fontaine de Jouvence qui redonne l’énergie aux cœurs amollis et qui tend les êtres à leur plus haut diapason, au-dessus des petitesses de la vie et des humilités quotidiennes.