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terres de soleil et de sommeil

mon père et ma mère, toute ma famille penchée le soir sous la lampe heureuse, dans la chambre tiède, loin de la bise mauvaise et loin de la rue. J’ai retrouvé le vieux foyer, empli de pensées douces et graves.

Tous les jours, je vais dans la ville. Je marche longtemps parmi la ville dont tous les coins me sont familiers et connus… Grenelle, le pont de Grenelle et Javel, tous les quartiers tristes comme Popincourt, la rue de la Goutte-d’Or, le boulevard Exelmans et la Muette ; la Seine, l’insigne ruisseau, que strient les bateaux mouches et les remorqueurs de la « Société Générale de touage et de remorquage » et les chalands aux proues camuses, aux noms évocateurs de nos campagnes « l’Oise », la « Marne », la « Brie », massifs et lourds de poutres ou de moellons, j’ai tout revu, et la rive gauche avec la rue de Verneuil, la rue Saint-Dominique, la rue de l’Université, élégantes et strictes.

Mais le soir, dans la vieille maison où les bruits de la rue n’arrivent pas, je savoure en-