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terres de soleil et de sommeil

de plus beau dans ces domaines, c’est le souvenir des hommes qui sont venus jadis de la terre natale pour y mourir obscurément. De tels passants suffisent à fixer en beauté noble et héroïque le plus fluide des univers. Loin de la vie mondaine et sentimentale, je suis ramené par eux à la vie même, à la source même de la vie.

J’agitais exactement ces pensées, au moment de prendre le chemin du retour, avec mon chef aimé et vénéré, le commandant Lenfant. De Bania, qui avait été le début et le terme de notre exploration, jusqu’à Ouesso, il faut trois grandes journées de pirogue. De Ouesso, un bateau à vapeur conduit à Brazzaville par la Sangha et le Congo. C’est alors la fin de la barbarie. On sent, de bien loin, pourtant, comme un vague parfum d’Europe, auquel il faut enfin s’habituer de nouveau.

Les 5, 7, 8 et 9 septembre 1907, nous descendîmes la Sangha dans une de ces frêles barques que les N’Goundis de Nola taillent dans les troncs d’arbres de la forêt. Ce