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terres de soleil et de sommeil

circulent en nous incessamment. Plus que la lutte de deux intérêts, comme dans la période barbare de l’humanité, la guerre est l’inévitable choc de deux puissances de vie qui s’interrogent et interrogent en même temps la destinée. Admirable mystère que celui de ce devoir héroïque, qui nous mène à la plus périlleuse des spéculations, par les chemins les plus étranges du rêve !

Voilà ce que j’ai pu lire dans le ciel des Bayas. Voilà l’adorable vision que m’envoyait la terre conquise, toute sombre de deuils et de tristesses, la dernière parole de l’Afrique, avant que j’aille rejoindre les seuils clairs de la France.

Dans ma patrie, on aime la guerre, et secrètement on la désire. Nous avons toujours fait la guerre. Non pour conquérir une province. Non pour exterminer une nation. Non pour régler un conflit d’intérêts. Ces causes existaient assurément, mais elles étaient peu de choses. Elles étaient secondaires et adventices. En vérité, nous faisions la guerre pour