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terres de soleil et de sommeil

ce qui nous manque, en effet, ce sont des barbares. Maintenant, il nous faut venir prendre conseil chez des sauvages. Mais qui sait si, par un retour fréquent dans l’histoire humaine, nous ne reviendrons pas au point dont nous sommes partis ? Il est un moment où l’esprit trop guerrier s’affine et s’adoucit ; la violence révolte comme une injustice ; la bonté féconde remplace la haine stérile. Progrès normal et légitime, mais qui n’est pas le terme de notre évolution. Il vient une heure où la violence n’est plus de l’injustice, mais le jeu naturel d’une âme forte et trempée comme un acier. Il vient une heure où la bonté même cesse d’être féconde et devient amollissante et lâche. Alors la guerre n’est plus qu’un indicible poème de sang et de beauté. C’est la grande vendange de la Force, où une sorte de grâce inexprimable nous précipite et nous ravit. Là nous trouvons l’emploi le plus normal, le plus noble, en même temps, de ces ressources infinies d’énergie, de ces formidables ampères, de ces heclowatts d’énergie qui