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terres de soleil et de sommeil

Jamais, plus qu’aux belles heures de marche sous le soleil du Tropique, je n’ai éprouvé de joie à me répéter à moi-même cette phrase si simple et si bienfaisante : « Je suis soldat français ». Ces mots-là, c’était comme le refrain forcé, la prosodie de toute l’Afrique. Chaque objet me les suggérait et semblait les approuver. Comment s’étonner que cette lumière qui me venait tout à coup, m’intéressât plus que les paysages de ma route et les rencontres de mon voyage ?

On croirait presque, aujourd’hui, que l’héroïsme est une chose morte. On croirait presque, ma foi, qu’ils sont morts, les divins amants de la Force, de l’Amour, de la Poésie, et tous ceux qui avaient soif et faim de l’absolu. Ils sont là, pourtant, parmi nous, tout prêts à nous aider et à nous secourir…

« Opinions du peuple saines », disait Pascal. Nous reviendrons à l’opinion du peuple qui est la guerre. De l’extrême barbarie, nous sommes passés à une extrême civilisation. Et